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11 octobre 2012 4 11 /10 /octobre /2012 19:02

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Rien à perdre. Les salariés Pilpa, condamnés au chômage par l'annonce de la fermeture de leur usine de fabrication de crème glacée n'ont strictement rien à perdre. Raison sans doute pour laquelle ils restent à ce point mobilisés et ont pris part très nombreux à la manifestation pour l'emploi, hier à Toulouse où ils ont mené le cortège.

Deux bus ont été affrétés spécialement pour l'occasion. À l'intérieur, guitare en main, Didier fait le spectacle «Pilpaaaa, Pilpaaa, à Carcassoooonneu, à Carcassoooonneu… Pilpaaa, Pilpaaa, à Carcassonne on res-te-ra !» chante-t-il sur l'air de «Chauffeur, si t'es champion…» et tout le monde reprend en chœur. Plus tard, coiffé d'une perruque blonde, il imite la DRH du groupe R & R, Sandrine Le Gall : «Avant j'ai été DRH au zoo de Vincennes et j'ai tout compris sur le comportement des bonobos : ils savent te baiser sans que tu t'en rendes comptes.» Et tout le bus se gondole.

L'ambiance est plutôt joyeuse en dépit des circonstances, quoique personne ne soit dupe de la gravité de la situation. Christel, 16 ans de boîte, un grand-père cofondateur de 3A, deux enfants, une maison pas finie de rembourser… Contrôleuse de gestion et pas l'habitude, mais alors pas du tout de manifester : «J'en ai mal dormi. Je n'ai jamais fait grève de ma vie mais là ! Entendre qu'ils ne veulent pas de repreneur… Pour eux on n'est rien, il n'y a pas d'humain en eux. On s'attendait à une petite restructuration mais pas à ça. Surtout que les résultats étaient bons.»

Plus de visibilité

À côté d'elle, Jean-Charles, chef d'équipe magasin a 19 ans de Pilpa derrière lui et la désindustrialisation le mine : «Je suis né à Limoux, j'ai vu l'industrie de la haute vallée disparaître. Là, malgré le super-boulot de nos délégués, je vois le chômage arriver à Carcassonne…» Mathieu, depuis 10 ans chez Pilpa bosse à la logistique, en chambre froide. «Quand on a été vendu on pensait que ça allait dégraisser. Mais pas de façon aussi brutale !» L'après-Pilpa ? «Je ne veux pas y penser. Pour l'instant on se bat encore pour garder notre emploi à Carcassonne». Il y a un an, Mathieu a fait construire ; il vient à peine d'emménager. «Alors quand tu apprends que tu vas être viré…»

Cela fait 12 ans que Christophe, actuellement chef d'équipe logistique, bosse pour la boîte. Il espère, comme tous ici, remettre en cause le Plan de sauvegarde de l'emploi (lire encadré). «Gagner du temps et ensuite espérer que les politiques au pouvoir tiennent leurs engagements en votant une loi contre les licenciements boursiers».

Chacun pourrait témoigner individuellement de la galère du moment. Tous font front. Courageusement. D'abord chez 3A (lire ci-dessous), puis en première ligne de la manif toulousaine. Les Pilpa conduisent le cortège jusqu'à la préfecture où leur délégué CGT, Rachid Aït-Ouakli prendra la parole aux côtés des Comhurex, des Sanofi, des Air France et des Freescale.

Dans le bus du retour où l'on chante encore et toujours pour se donner du cœur à la tâche à venir, Maxime, le délégué du personnel dresse un bilan positif de la journée : «C'était important d'aller à Toulouse pour gagner en visibilité. On a eu Radio France, BFM TV, l'AFP… c'est pas mal.»

Carcassonne ouest. Toujours pas fatigué, après un «Se Canto», un «Aquela Trivalla» et quelques chansons grivoises, Didier entonne à nouveau le tube, entêtant et entête de la journée : «… à Carcassonne on res-te-ra».


Une étape houleuse chez 3A à Villefranche-de-Lauragais

Les Pilpa avaient prévenu, lors de leur assemblée générale de lundi : le patron de 3A qui les a revendus au groupe Rolland en toute connaissance de la situation économique et des intentions du repreneur a des comptes à nous rendre. À 11 heures, ils sont entrés dans l'enceinte de l'entreprise de Villefranche-de-Lauragais. Le gaillard des Fromageries occitanes qui a tenté de les en empêcher n'a pas longtemps insisté face au nombre et à la détermination des assaillants. Dans le hall d'entrée, les Pilpa ont ensuite «persuadé» le directeur général, Philippe Carré, de recevoir une délégation. Ok !, à la condition que vous sortiez, a-t-il fait savoir.

Des reclassements chez 3 A ?

«Ah ! Bon ! Eh bien on va aller le trouver dans son bureau», ont répondu les Pilpa, joignant le geste à la parole dans une ambiance survoltée, rythmée par le bruit des percussions (bidons et poubelles métalliques) des sifflets et des cornes de brume.

Bilan de l'entrevue ? A sa sortie, Rachid Aït-Ouakli explique : «M. Carré nous a redit qu'il n'était pas au courant de ce qu'avait prévu Rolland. Pour lui l'entreprise était viable quand il l'a vendue mais Rolland a appliqué une mauvaise politique en augmentant les prix des produits. Il nous a dit aussi qu'il ne pouvait rien faire pour nous. On a demandé s'il pouvait nous reprendre, ce n'est pas possible. Peut-être quelques-uns des 124…» Un petit espoir de reclassement pour une petite partie des salariés, confirme Christophe Barbier, le secrétaire du comité d'entreprise : «M. Carré nous a dit qu'il verrait, pour retravailler avec nous…» J.-L. D.-C.

Jean-Louis Dubois-Chabert

 

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