La démocratie participative, il ne suffit pas d’en parler, de l’évoquer, de l’invoquer mais il faut VOULOIR la faire vivre à travers des initiatives concrètes..
Le débat - surtout s’il est contradictoire -, l’interpellation des élus, l’association des concernés à la discussion de la loi, l’explication publique du vote de ces élus au Parlement font partie de cette démocratie participative…
C’est cela que l’on attendait de nos parlementaires audois sur la loi portant sur la flexibilité de l’emploi, qui est fortement contestée par des syndicats -et pas n’importe lesquels - et dans la gauche même !
Or sur Narbonne, quel constat faisons-nous ?
- Le seul débat public visant à faire connaître l’accord (l’ANI) servant de base au projet de loi , visant à le décortiquer, à le décrypter, c’est le Front de gauche et pas les parlementaires qui l’a organisé .
- Lors de la manifestation du 5 mars, des dizaines de syndicalistes -et nous y étions, je dirai, naturellement - sont allés interpeller Madame la Députée devant sa permanence, en pleine rue
Quelles ont été ses réponses ?
1) Elle n’avait pas encore pris connaissance du contenu de l’accord . Dommage qu’elle n’ait pas eu l’idée de participer à notre réunion publique ! Elle aurait pu s’informer…. article par article .
2) Elle attendait de savoir comment cet accord serait transposé dans la loi : nous, nous ne faisions pas d’illusion !
3) Enfin, elle pensait qu’ « il y aurait des blancs à compléter »: on pouvait en conclure qu’elle interviendrait !
Un mois après, le débat a commencé à l’Assemblée Nationale ce mardi, que peut-on observer ? Que peut-on noter ?
1) L’accord a été transposé tel quel ou quasiment tel quel dans la loi, comme l’avait exigé le patronat .
2) L’examen de la loi se fait en procédure d’urgence, réduisant le temps du débat et de l’intervention citoyenne
3) En début de semaine, le ministre du travail M Sapin rappelait à l’ordre les parlementaires de sa majorité gouvernementale en ces termes « C’est l’accord, tout l’accord, rien que l’accord ». Ainsi, pas question de modifications !
4) En matière de « blancs à compléter » (pour reprendre la formule de Mme Fabre), ce sont les députés du Front de gauche qui ont déposé les amendements, près de 4 500 mais qui ont été écartés du débat par la commission des Affaires Sociales de l’Assemblée au nom, selon le rapporteur PS, que « certains signataires de l’accord sont résolument opposés à toute évolution », transformant ainsi les parlementaires en simples copistes du Medef !
5) La position de la droite est dans la logique de sa politique : elle applaudit à deux mains le texte qualifié d’historique par M Sapin en se félicitant cyniquement -pour reprendre les propos d’un député U M P- « de la conversion de la majorité socialiste en faveur de la possibilité pour les entreprises de licencier »
6) Quant à l’explication de positionnement et de vote de nos parlementaires narbonnais, à ce jour, silence !
Mais nous sommes têtus surtout sur le terrain de la démocratie participative, citoyenne ou autre …Peu importe le qualificatif !
Nous voulons savoir, nous voulons comprendre…
Puisqu’ils ne viennent pas à nos rencontres, nous proposons à nos parlementaires d’organiser un débat public sur cette loi afin que chaque citoyen qui le souhaite puisse se faire une idée précise de ce qui l’attend en terme de régression du droit du travail, de démantèlement de la protection sociale, de facilité de licenciement, de mobilité imposée …
Nous attendons leur réponse en précisant qu’en ce qui nous concerne, nous sommes prêts à participer à une telle initiative.
J’ajouterai, en guise de conclusion, que la pratique du débat démocratique est la meilleure façon de réconcilier la politique avec les citoyens, de lui redonner ses « lettres de noblesse »…